Patère en or massif (23 carats) comportant au centre en grand médaillon détachable, décoré en bas-reliefs coulés.

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Aghion, Collecting Antiques in 18th century France : Louis the 15th and Jean-Jacques Barthélemy p. 193-203 ;
Avisseau / Broustet, Le luxe dans l'antiquité (2017) p.122-127 ;
Brenot / Metzger, “Trouvailles de bijoux monétaires dans l’occident romain” p. 324 ;
Foucher, "Concours de boisson entre Dionysos et Héraclès" p. 201-210 ;
Foucher, "La patère de Rennes" p. 93-97 ;
Lapatin (ed.), Berthouville Treasure p. 66, p.160-164 fig. 99 ;
Lefèvre, "Le trésor du chapitre et la patère de Rennes" p. 511-523 ;
Millin, Monumens antiques inédits ou nouvellement expliqués I ;
Stern, "Deux mosaïques de Vienne (Isère)" p. 23 fig.6 ;
Vrai ou Faux ? Copier, imiter, falsifier p.73-74 ;

La patère a été découverte le 26 mars 1774 dans une des maisons du chapitre de Rennes qui était alors en cours de démolition. Elle composait le « trésor de Rennes » avec une fibule en or cruciforme, quatre-vingt-quatorze aurei datés entre le règne de Néron et celui d’Aurélien, de quatre aurei sertis dans une monture en opus interrasile et quatre morceaux d’une chaîne en or, qui, reconstituée, mesurait 152 cm. Le trésor était enseveli à six pieds de la surface. La plupart des monnaies étaient conservées dans la patère, les autres dispersées à côté. Une tombe a été mise au jour à un pied de distance.
Remis au duc de Penthièvre alors gouverneur de Bretagne, il fut offert au roi Louis XV et remis à l’abbé Barthélémy le 7 avril 1774, garde du Cabinet des médailles. La découverte est bien documentée grâce à une lettre envoyée par l’abbé Barthélémy à l’abbé Delacroix, chanoine de l’église de Rennes, conservée parmi les archives du Cabinet des Médailles 2011/091/ACM03-26 (année 1774). Il s’agit en fait d’un questionnaire adressé au chanoine, comportant une série de questions dans la colonne de gauche et les réponses à droite. Les questions renseignent sur le contexte de découverte, la nature du sol, la disposition des objets et leur description.
Vingt-huit monnaies furent intégrées à la collection du Cabinet des Médailles et les autres furent échangées.
En 1802 Alban-Louis Millin publie une première étude de la patère dans Monuments antiques inédits ou nouvellement expliqués, Tome 1 (1802).
Le trésor fut volé en 1831et retrouvé sous une arche du pont Marie à Paris, avant qu’il n’ait été fondu.
(Avisseau-Broustet M., Colonna C., Le luxe dans l’Antiquité)

Le trésor devait appartenir à une famille de notables de Gaule, proche des Sévères pour les membres les plus anciens, et de Postume, empereur des Gaules autoproclamé depuis 260, pour les membres les plus récents.
La patère est le plus ancien objet du trésor. Elle peut être datée de l’année 209 grâce à la plus récente monnaie décorant le marli qui comporte une effigie de Geta. La patère n’a pu être réalisée après la damnatio memoriae consécutive à l’assassinat de l’empereur en 211. Sur l’effigie, Geta est encore César ce qui suppose une datation au début de l’année 209. (Avisseau-Broustet M., Colonna C., Le luxe dans l’Antiquité)

Médaillon central : concours de boisson entre HERCULE et BACCHUS
Au centre de la composition, au premier plan : BACCHUS (nu, draperie sur l’épaule gauche et autour de la taille, couronne de pampres et de lierre sur la tête) trône sur un siège sans dossier. Il tient un thyrse le long de son corps, coincé dans son bras gauche, et lève de la main droite un rhyton vide renversé. A sa gauche, HERCULE (barbu, nu, draperie sur la jambe droite, léonté et massue posées sur un rocher sous sa main gauche) regarde BACCHUS en levant vers lui un canthare. A droite de BACCHUS, un jeune bacchant (imberbe, cheveux longs bouclés, nu, manteau flottant derrière son dos) est debout de profil et joue de l’aulos. Aux pieds de BACCHUS, une panthère est assise, se retournant vers son maître, la gueule ouverte.
A l’arrière plan, derrière BACCHUS, de gauche à droite : SILENE (barbu, couronne de pampres et de lierre sur la tête, torse nu, draperie sur l’épaule et sur les jambes, deux bacchantes (péplos, couronne de pampres et de lierre) debout, la première de profil et la deuxième de trois-quarts, Pan (barbe, cornes) de face joue de la syrinx, une troisième bacchante (draperie, couronne de pampres et de lierre) debout.

Deuxième registre : frise composant le cortège du triomphe de BACCHUS
Dans l’axe de BACCHUS trônant, HERCULE représenté titubant, soutenu à sa gauche par un bacchant qui porte sa massue, et suivi par un deuxième jeune homme.
A sa droite, autre groupe composant le triomphe de BACCHUS, couché sur un char tiré par deux panthères, accompagné d’un bacchant, d’un aulète et précédé d’un satyre qui tient un pedum. Le char est suivi par un une bacchante et un bacchant tenant un pedum.
Groupe composé de trois amours autour d’une corbeille de raisin, l’un d’eux est debout en train de fouler les fruits.
Derrière, SILENE assis sur le dos d’un dromadaire tiré par un bacchant et précédé d’une joueuse de cymbales. Derrière lui, groupe de bacchant et bacchante dansant et jouant de la musique. L’un d’eux tend une coupe à Silène.
Derrière, un satyre danse avec un bouc. Ensuite, autre groupe composé de deux bacchantes qui dansent au son de la syrinx dont joue un bacchant.
Derrière, un attelage de deux boucs transporte une corbeille de raisins. Il est suivi d'un groupe composé d’une bacchante qui danse encadrée d’un aulète et d’un bacchant.

Dans le marli : seize aurei insérés dans des alvéoles aménagées pour les recevoir. Elles alternent les effigies des membres de la famille des Antonins et de celle des Sévères.

Le type employé pour représenter Hercule assis en train de s’enivrer au centre du médaillon s’inspire de la statue d’Héraclès Epitrapezios de Lysippe, connu grâce aux copies romaines.
Voir par exemple l’exemplaire conservé au British Museum : https://www.britishmuseum.org/research/collection_online/collection_object_details.aspx?objectId=465963&partId=1&images=true
Le culte d’Hercule et Bacchus a été ravivé sous le règne de Septime Sévère à la fin du IIe s. L’épisode de l’enivrement est notamment repris sur des monnaies sévériennes, par exemple sur un aureus frappé en 194 (Dionysos/Bacchus, LIMC III, n° 107).
Le thème est également représenté à la même période au Proche-Orient, sur une mosaïque d’Antioche, maison de l’Atrium, déposée et conservée au Musée de Worcester, inv. 1933.36.
https://worcester.emuseum.com/objects/16119/drinking-contest-of-herakles-and-dionysos?ctx=24cc4c06-d069-4396-92dc-c447f36c4437&idx=2
La coupe devait être un cadeau impérial, donum, fait à un militaire d’origine gauloise.
(Avisseau-Broustet M., Colonna C., Le luxe dans l’Antiquité)


La composition met l’accent sur les différentes expressions des personnages dans la scène du concours de boisson. Selon Foucher, Silène semble être l’arbitre du concours tandis que les bacchantes paraissent désigner Hercule du doigt et se moquer de lui. (Foucher L., "Concours de boisson entre Dionysos et Héraclès")