Pavement en mosaïque polychrome, fragmentaire.

CIPRIANVS
CVIRIACVS ...

Rousseau, A., RA 7 (1850) 260-261, pl.143 (dessin) ˑ ; Gauckler P., "La personnification de Carthage. Mosaïque du Musée du Louvre", MémAntFr (1902) 165-178, pl.3 ; InvMos II, n°598 ; Baratte, F., Catalogue des mosaïques romaines et paléochrétiennes du Musée du Louvre (1978) 76-78 n°38 c, fig.69-72 (avec bibl.) ; Dunbabin, Mosaics 59, 107, 251 n°11 ˑ ; Parrish, D., Season Mosaics of Roman Noth Africa (1984) 128-131 n°16, pl.25-26 ;
Web: LIMC-Basel 23990 (consultation : 2012-12-17) ;

Le médaillon central est conservé sous le n°MA 2999.

- Une trentaine de médaillons circulaires sont ornés de scènes de chasse, de combats et de paysages, ainsi que de quadriges dont les conducteurs sont nommés..

- Au centre : dans un médaillon circulaire (Louvre MA 2999), la personnification de CARTHAGE (nimbe radié, couronne de fleurs, bracelets, tunique, manteau, chaussures), debout de face, les bras écartés, tient un bouquet de feuilles et de fleurs dans chaque main. Un candélabre est placé sous chaque main.

- Les SAISONS, figurées de face, étaient placées à ses côtés :
- PRINTEMPS (chiton court, manteau, chaussures), avec un panier à gauche et un bouquet à droite.
- ETE (chiton court), avec des fleurs.
- AUTOMNE ( chiton, manteau), avec un rameau portant de fruits dans la main gauche et une fleur dans la droite.
- HIVER (chiton, manteau), à côté de joncs, et peut-être avec une houe (personnification fragmentaire).

Le schéma représentant la personnification de CARTHAGE, couronnée, debout et tenant des bouquets ou des plantes dans ses mains écartées, est connue sur d'autres documents, notamment des monnaies de Carthage du Ve-VIe s. apr. J.-C. (AR, Hunericus ; AR Hildericus : LIMC Carthago n°5-6. Voir aussi n°10).

[...] je crois remplir un devoir utile en vous faisant connaître celle [la découverte archéologique] qui eut lieu dans le courant de l'année 1844.
A cette époque, les fouilles que le gouvernement tunisien fit faire sur l'emplacement qu'occupait Carthage pour en extraire de grandes pierres de taille destinées à être employées dans les travaux du canal de la Goulette, mirent à jour une grande mosaïque, extrêmement curieuse et d'une conservation assez parfaite. Elle avait huit mètres de long sur cinq de large. Le bey l'offrit à M. de Lagau, alors consul général de France à Tunis, qui prit aussitôt des mesures pour assurer la conservation de cette intéressante découverte. Cette mosaïque fut, plus tard, transportée par blocs séparés en France, et quelques-uns de ces derniers sont restés à Carthage et font partie du petit musée de la Chapelle Saint-Louis.
Le point où cette mosaïque a été découverte se trouve à environ 700 mètres du port Cothon, et sur le versant sud du mont Byrsa, au haut duquel s'élève aujourd'hui la croix de bronze de la chapelle Saint-Louis. Ce point est indiqué par M. Falbe, dans son plan de Carthage, sous le n°LIV, comme étant un reste de temple, et il pense que ce fut celui d'Apollon [...] M. Dureau de la Malle, dans sa Topographie de Carthage, [...] assigne au point où a été découverte la mosaïque en question [...] l'emplacement des anciens bains ou thermes de Gargilius.
J'ai découvert moi-même, sous une partie de la mosaïque, dans un terrain formé de débris d'anciennes constructions, une tête de femme en marbre, que je suppose être celle de Junon. Cette tête , d'un travail assez ordinaire d'ailleurs, paraît avoir appartenu à une statue de grandeur naturelle, et elle est mutilée à deux endroits différents. [...]
[...] la mosaïque qui m'occupe appartenait à un édifice byzantin, ou plutôt de la dernière époque carthaginoise, lequel édifice aurait été élevé sur l'emplacement d'une construction imposante et d'une date bien antérieure.
[...]
Les noms de CIPRIANVS, de CVIRIACVS, etc., etc., qui se trouvent dans le travail même de la mosaïque et dans les médaillons représentant des guerriers montés sur des chars traînés par quatre chevaux, viendront peut-être jeter un nouveau jour sur l'époque de cette mosaïque, la plus grande et la plus curieuse qui ait été trouvée jusqu'à ce jour à Carthage.
Je m'étais empressé de faire de cette mosaïque, sur les lieux même, un dessin dont je puis garantir l'exactitude. J'ai l'honneur de vous en envoyer ci-joint le calque [pl.143]. Je m'étais borné, pour rendre mon travail plus facile, à ne simuler la mosaïque que dans un seul médaillon, afin d'avoir une idée du travail et des couleurs de tout le reste.
[...]
10 juillet 1850